Quand il s’agit d’annoncer au malade ou à sa famille que la personne en question est atteinte de la maladie d’Alzheimer, les représentations qu’on a de cette maladie sont si anxiogènes et si négatives que médecins , patients et entourage seraient tentés de repousser le plus tard possible l’annonce de cette maladie , maladie qui cristallise toutes les peurs liées au vieillissement . C’est pourquoi, les professionnels de santé sont sensés détenir un savoir scientifique qui s’oppose aux représentations sociales conçues et présentées comme des croyances.
Il y a d’abord une difficulté à diagnostiquer la maladie d’Alzheimer à partir d’un certain nombre de symptômes comme celui par exemple de ne pas être capable de retrouver le chemin de son domicile, de retrouver ses clés ou ses lunettes. Il y a aussi la difficulté de distinguer la maladie d’Alzheimer par rapport à d’autres types de démences. C’est pourquoi un délai est-il nécessaire entre le test de connaissance et l’établissement d’un diagnostic définitif, lequel est en moyenne de 47 semaines. Les raisons de ce délai qui peut sembler assez long sont dues à l’ignorance du fait que les symptômes en question soient ceux de la maladie d’Alzheimer, et surtout au déni, au refus de reconnaître que les symptômes constatés sont bel et bien ceux relatifs à l’Alzheimer.
Cette maladie d’Alzheimer est d’autant moins acceptée que l’image dominante des malades les exclut de la vie sociale et les assimile à des morts vivants. Ils ne sont pas atteints par une mort physique, mais par une mort qui survient alors que le corps est encore vivant. Il s’agirait d’une mort sans cadavre, qualifiée de sociale, psychique ou psychosociale. Autant de manières pour signifier que le malade disparaît de la scène sociale et de l’humanité sans décès.